Déclarations de Salah Ben Youssef

 

Déclaration de Salah Ben Youssef

 

             Genève, le 31 décembre 1954

Le gouvernement de la France a proclamé, il y a cinq mois l’autonomie interne de la Tunisie. Le peuple tunisien, qui n’avait cessé de lutter, depuis que la France lui avait ravi en 1881 sa liberté et son indépendance, pour recouvrer cette liberté et cette indépendance, a néanmoins mis fin à cette lutte en acceptant l’autonomie interne de la Tunisie proclamée par la France, comme une étape transitoire qui permettait a la Tunisie d’accéder dans un temps raisonnable, au stade d’un État complètement souverain et indépendant.

Malheureusement, les négociations franco-tunisiennes, qui durent depuis cinq mois, ont montré clairement que le gouvernement de la France n’entend nullement honorer ses engagements. Par toutes sortes de pressions et usant même du chantage à la rupture des négociations, le gouvernement français entend maintenant accorder une autonomie de pure forme qui consacrerait le statu quo et ferait de nous les gestionnaires du régime colonialiste en Tunisie. Le moment est donc venu de dissiper toute équivoque.

La France, ainsi que tous les pays qui ont fait confiance à M. Mendès France pour une solution pacifique du problème franco-tunisien doivent- savoir que le peuple tunisien n’acceptera jamais une autonomie illusoire et qui fermerait la porte à l’indépendance totale de la Tunisie.

Seule une autonomie consacrant une puissance publique exclusivement nationale et administrant sans partage le territoire tunisien sera agréé par notre peuple.

Une telle autonomie comportera inévitablement :

  1. La limitation dans le temps de toutes les conventions respectives de souveraineté.
  2. L’homogénéité du  gouvernement tunisien et le transfert immédiat et sans condition à ce gouvernement de toutes  les responsabilités  inhérentes  au  maintien de l’ordre.
  3. Le retour au pouvoir judiciaire tunisien, dans un délai raisonnable, de toutes les compétences judiciaires détenues actuellement  par les tribunaux  français.
  4. La prise en charge par le seul gouvernement tunisien de l’Éducation nationale avec le transfert à ce gouvernement de  tous  les  services  et  établissements  primaires, secondaires et supérieurs (Institut des Hautes Etudes).
  5. La liberté reconnue au gouvernement tunisien d’avoir une politique économique, monétaire, douanière qui, tout en s’harmonisant avec le système de la zone franc, ne doit en aucune façon être la consécration du régime économique actuel qui ne fait que continuer le « pacte colonial ».

Telles sont les conditions minima qui feront de  l’autonomie interne une réalité. Le gouvernement de la France, après l’avoir proclamée, semble aujourd’hui revenir sur ses promesses, malgré l’engagement solennellement pris par M. Mendès France devant S. A. le Bey et a la tribune des Nations Unies. Le peuple tunisien ne souscrira jamais à une autonomie qui ne base son existence et son autorité sur les attributs réels de souveraineté tels qu’ils viennent d’être exposé. Ce serait trahir la mémoire de nos martyrs que de faire des concessions sur l’un quelconque des attributs essentiels de notre souveraineté.

 

Nos camarades militants ont mis fin à toute action de résistance depuis le 31 juillet dernier parce qu’ils ont eu encore  une  fois  confiance  en  la  parole  du  chef du gouvernement français.

Tout dernièrement, répondant à l’appel de notre Souverain ,et de son gouvernement, nos valeureux combattants de notre armée nationale de libération -à qui je voudrais exprimer la gratitude de la nation et transmettre un message d’admiration du monde entier- ont déposé les armes. Eux aussi ont confiance en la France.

Le monde entier est témoin de la bonne volonté du peuple tunisien. Mais bonne volonté ne signifie ni lâcheté ni capitulation. Le peuple tunisien demeure vigilant que jamais.

Si le gouvernement français venait à renier ses engagements ainsi que le montre la tournure prise par les négociations franco-tunisiennes en cours, la France assumera seule, aux yeux du monde, la responsabilité des conséquences tragiques qui résulteraient de pareille volte-face.

Salah Ben Youssef, Secrétaire Général du Néo-Destour

 

 

 

تصريح لصالح بن يوسف حول الاتفاقيات التونسية – الفرنسية

روما في 18 ماي 1955

في الثامن من شهر ماي 1955 صدر بيان ممضي من الزعيم صالح بن يوسف يعلق فيه على الاتفاقيات التونسية الفرنسية. وها نحن ننشره توثيقا لأحداث الشهور الأخيرة قبل إعلان الاستقلال في 1956.

يقول صالح بن يوسف :

« ان الشعب التونسي يقوم الآن برد فعل عنيف ضد الحملة المنظمة والمغرضة التي يقوم بها وزراء التفاوض داخل المملكة التونسية قصدهم الوحيد من وراء ذلك هو أن يتحصلوا على موافقة الشعب التونسي على الاتفاقيات التونسية-الفرنسية ولو كانت هذه الموافقة زائلة.

وفي هذه الساعة الحرجة من تاريخنا القومي فإنني أوجه نداء أخيرا الى حكومتنا التونسية والى مفاوضينا حتى يتحملوا مسؤولياتهم وأن سلامة الوطن التونسي يجب أن تتقدم على جميع الاعتبارات التكتيكية أو الاعتبارات التي تقوم على مسايرة الظروف السياسية وإنه لا ينبغي بحال على مفاوضينا إمضاء اتفاقيات شبيهة بالاتفاقيات التي نشرت السفارة العامة بتونس نصوصها في 8 و9 ماي الجاري.

ولا يمكن لأن تونسي وطني مهما بلغت درجته من السمو أن يتحدى إرادة الشعب القومية وأن الشعب التونسي يرفض هذه الاتفاقيات وإنه عازم على إحباطها بجميع الوسائل التي في مقدرته استعمالها.

وعليه فإن التوقيع على الاتفاقيات لفرضها على الشعب التونسي يساوي في نهاية الأمر إشهار الحرب على هذا الشعب، للتفاوض سيراجعون موقفهم أمام مثل هذا الأمر ».

 

 

 

Retour de Salah Ben Youssef à Tunis

( Note de police – Archives national – Tunis)

 

Tunis, le 14 septembre 1955

 

Le 13 septembre à 13h20 Me Salah Ben Youssef Secrétaire Général du Néo-Destour, est arrivé à Tunis, venant de Rome, avec son épouse et ses deux filles.

Il a été salué à El Aouina par les Princes Chadly et M’Hamed, le Général Tahar Maoui, représentant S.A. Le Bey, le Président Tahar Ben Ammar et les Ministres du Gouvernement Tunisien, Me. Habib Bourguiba et les responsables du Bureau Politique, les délégations des Fédérations Néo-Destouriennes de l’intérieur, ainsi que les représentants des diverses organisations nationales.

Une foule évaluée à 4.000 personnes environ s’était rendue à l’aérodrome pour accueillir le Secrétaire Général du Néo-Destour.  Elle a été canalisée par un service d’ordre, composé de scouts et de jeunes néo-destouriens en tenue, qui avait fait dégager l’aérogare depuis le début de la matinée. Le long de la route menant à El Aouina et aux abords de l’aérodrome stationnaient de nombreux tunisiens, hommes, femmes et enfants, scandant de temps à autre « Vive Ben Youssef – Vive Bourguiba ». Quelques incidents se sont produits dans ma matinée entre automobilistes et de jeunes voyous qui ont jeté des pierres sur les voitures, à hauteur du passage à niveau de l’Avenue Gambetta.

Un chauffeur de camion a été blessé au visage.

Quelques instants avant l’arrivé de l’avion, la foule a littéralement débordé le service d’ordre et a pénétré dans l’enceinte de l’aérogare.

A sa descente d’avion, Me. Salah Ben Youssef a donné l’acolade aux Princes, à Me. Bouirguiba, à plusieurs personnalités tunisiennes ainsi qu’a Sassi Lasoued et Lazhar Chraiti. (On a pu remarquer que le Secrétaire Général a été beaucoup plus expansif avec les Princes qu’avec le Président du Néo-Destour).

A ce moment là, la foule a envahi l’aire d’atterrissage aux cris de « Ben Youssef – Bourguiba », et a tenté de porter le Secrétaire Général en triomphe. Celui-ci, paraissant contrarié par le désordre, s’y est catégoriquement opposé et a même repoussé de la main un jeune tunisien qui voulait le coiffer d’un béret de scout et lui nouer un foulard vert au cou.

Encadré par les jeunes destouriens et par les membres du Bureau Politique, Salah Ben Youssef a immédiatement regagné péniblement la voiture qui devait l’emmener à Carthage et n’a voulu faire aucune déclaration.

Il a pris place dans une voiture découverte, en compagnie de MM. Habib Bourguiba, Mongi Slim, Taieb Mehiri, Ahmed Ben Salah, Azouz Rebai et Ali Zlitni.

Un cortège d’automobile s’est aussitôt formé en direction de Carthage où l’attendaient quelques délégations néo-destouriennes de la banlieue Nord, des sections de scouts et 3.000 personnes environ, brandissant des drapeaux tunisiens et des banderoles.

Le poste de garde du Palais avait été transformé pour la circonstance, en un poste de secours. Des infirmiers et infirmières assuraient le service sous la direction du Docteur Naceur Haddad, de Tunis. Précédé de motocyclistes et suivi de jeeps, le cortège est arrivé à Carthage à 14h10 sous les applaudissements de la foule enthousiaste.

Salah Ben Youssef et sa suite ont pénétré dans l’enceinte du Palais et ont été aussitôt reçus au cours d’une même audience par le Souverain. L’entretien a duré une vingtaine de minutes environ.

A 14h25, le cortège a pris la direction de Tunis. Tout au long du parcours, la foule massée sur les trottoirs a acclamé le Secrétaire Général et Habib Bourguiba dont elle scandait les noms.

Après avoir traversé la Médina et contourné Tunis par les boulevards extérieurs, Salah Ben Youssef et sa suite se sont rendus, vers 15h20 à Radès où une visite a été faite à Mme Vve Farahat Hached et à ses enfants.

A 16h30, après s’être incliné sur les tombes familiales du cimetière du Djallaz, Salah Ben Youssef est arrivé à son domicile à Montfleury où il a été accueilli par une foule évaluée à 5.000 personnes et par la musique de la Jeunesse Destourienne.

Le service d’ordre était assuré par les scouts et les jeunesses nationalistes en uniforme avec brassard, tandis que les infirmiers et infirmières en tenue se trouvaient dans la cellule néo-destourienne de Montfleury.

Dès l’apparition du leader la foule a forcé les barrages pour se rassembler aux abords de la maison du Secrétaire Général.

Quelques coups de feu à blanc, semble-t-il, ont été tirés en signe d’allégresse et deux petites bombes d’artifices ont explosé devant la demeure de Salah Ben Youssef.

A son domicile, où deux hauts parleurs avaient été installés pour la circonstance, le Secrétaire Général a prononcé un discours.

Après avoir salué et remercié l’assistance pour l’accueil qu’elle lui avait réservé, Salah Ben Youssef a notamment déclaré : « Le 13 janvier 1952, j’ai quitté mon pays, délégué par mon parti et par le premier gouvernement populaire, pour faire connaître au monde entier les aspirations du peuple tunisien. Aujourd’hui, 13 septembre 1955, je me retrouve sur le sol natal, après 4 ans environ d’exil volontaire, durant lesquels le généreux peuple tunisien a combattu sans relâche et sans faiblesse pour relever le prestige de la Tunisie. La manifestation qui m’a été réservée me prouve que l’unité nationale englobant toutes les couches de la population est réalisée, ainsi que la communauté spirituelle avec S.A. Sidi Lamine 1er à qui j’ai eu l’honneur de manifester mon attachement dès mon arrivée. »

« J’ai constaté que ce peuple est animé aujourd’hui d’une foi inébranlable, malgré les souffrances endurées, pour continuer l’action et faire triompher la liberté, la dignité et l’indépendance du pays. J’ai également constaté, de dont j’ai été d’ailleurs toujours convaincu, que l’unité du Néo-destour et du peuple est plus forte que jamais et que ce parti, qui est le vôtre et qui a engagé le peuple dans luttes précédente, le conduira aux prochaines luttes décisives. J’ai constaté, dis-je, que cette unité est certainement beaucoup plus forte qu’elle ne l’a jamais été. Il est impensable que puisse aujourd’hui se briser ou s’effriter. Nous devons au contraire maintenir cette unité qui fait notre force principale et qui nous permettra d’atteindre le but suprême. Cette martyrs, tels que mes chers frères Farhat Hached, Hédi Chaker et tant d’autres, connus et inconnus. Elle représente pour nous le message des générations passées et nous permettra de délivrer la patrie de tout vestige colonialiste.

« Malgré ma maladie, je reviens parmi vous, sur la demande de mes camarades, pour faire mon devoir et assumer mes responsabilités totales, qui passent avant ma santé, afin de continuer la lutte entreprise par les martyrs.

Avant de terminer, je tiens à vous remercier à nouveau pour l’accueil que vous m’avez réservé et les fatigues que vous avec endurée dans l’attente de mon retour.

Je remercie particulièrement le « Combattant Suprême » Habib Bourguiba qui a également souffert, s’est surmené malgré sa santé déficiente et a traversé des moments pénibles. Je suis convaincu que dans cette période considérée comme difficile, Habib Bourguiba fera preuve d’autant de volonté et de courage pour libérer le pays et obtenir l’indépendance totale.

Si les grands hommes deviennent immortels par leur action, je dois conclure que le tableau d’un peuple uni, fort et prêt à l’action libératrice, est l’œuvre du « Combattant Suprême » dont le peuple tunisien conservera à jamais le souvenir.

S’adressant alors à Habib Bourguiba, le Secrétaire Général lui a rappelé les années de lutte commune, leur grande amitié et leur action pour l’union sacrée durant un quart de siècle. Je suis persuadé, dit-il, que le leader Bourguiba ne se reposera pas et ne connaîtra pas de répit tant qu’il n’aura pas rempli la tâche qui pèse sur ses épaules. Il est de mon devoir, a-t-il ajouté, de déclarer franchement à mes camarades et au peuple tunisien dans son ensemble que les conventions franco-tunisiennes ne constituent pas un avantage pour la Tunisie et que le Président Bourguiba lui-même ne les considère pas comme ayant libéré le pays du colonialisme. J’estime que ces conventions constituent une entrave à l’indépendance et un danger pour notre existence nationale et notre avenir. Unis, nous continuerons l’action en vue d’atteindre notre but suprême ».

Prenant à son tour la parole, Habib Bourguiba a manifesté son émotion de voir le peuple fêter le retour de son ami Salah Ben Youssef et a prêché également l’union, force essentielle du Parti, dit-il, pour continuer la lutte et atteindre le but qui demeure l’indépendance totale.

Le Président du Néo-destour a déclaré qu’il était d’accord avec le Secrétaire Général pour poursuivre l’action contre le colonialisme et l’occupation étrangère. « Mais, a-t-il ajouté, je ne comprends pas l’attitude de mon camarde Salah Ben Youssef à l’égard des accords qui ont pleinement dégagé la souveraineté tunisienne par la cessation de l’administration directe et la suppression du visa résidentiel et qui constituent une étape importante vers l’indépendance totale.

Vous avez constaté par vous-mêmes ce que ces conventions signifient et vous constater mieux encore leurs bienfaits dans quelques semaines.

Je répète que je suis d’accord avec Salah Ben Youssef pour continuer la mission qui nous est assignée afin d’arriver au but final.

A la fin de ce discours, les hauts parleurs on été aussitôt enlevées et la foule s’est dispersée dans un clame relatif après entonné l’hymne nationaliste « Namoutou ».

Il convient ce pendant de signaler quelques incidents survenus à Montfleury à l’occasion de cette manifestation.

Avant l’arrivée du leader, un court pugilat a opposé les scouts musulmans et quelques ex-fellaghs qui voulaient former une haie d’honneur devant le domicile de Salah Ben Youssef, aux lieux et place des scouts.

Finalement, les ex-hors-la-loi ont quitté les lieux en manifestant leur mécontentement.

D’autre part, à l’issue de la manifestation de nombreux jeunes gens, qui avaient pris place sur trois camions, sont partis en criant « Vive Bourguiba ».

Il y a lieu de noter, enfin qu’au moment de la dislocation du cortège à Bab-Ghorjani, trente marocains environ, brandissant des drapeaux, ont ciré en arabe :  « Le Glaoui au poteau ».

 

 

 

 

Dans une déclaration au « Sunday Times »

(Le Monde 18 avril 1956)

M. SALAH BEN YOUSSEF précise ses « buts de guerre »

 

Londres. 17 avril (Reuter, A.P.). — M. Salah Ben Youssef, ancien secrétaire général du Néo-Destour, a déclaré au Sunday Times qu’« il dirigeait la rébellion armée contre le gouvernement tunisien dans le cadre de la campagne destinée à rejeter les Français de l’Afrique du Nord ».

A la question : « Pensez-vous réellement pouvoir battre les Français ? », il a répondu :

«  Oui. Pas dans des batailles classiques, mais par une guérilla perpétuelle et le sabotage. Si une nation est vraiment résolue à obtenir sa liberté, elle sera victorieuse en fin de compte. La population de l’Indonésie comptait 80 millions de personnes, et elle en a perdu 5 millions dans la lutte contre la Hollande. Il n’y a pas un village dans toute l’Indonésie qui n’ait souffert. Mais en fin de compte la victoire a été remportée, il y a 9 millions d’Algériens qui sont déterminés à devenir libres et qui sont prêts à subir des pertes dans une proportion analogue. »

Interrogé sur la raison pour laquelle le combat a repris en Tunisie, M. Ben Youssef a expliqué : «Nous luttons pour affaiblir l’effort militaire français en Algérie en forçant les Français à envoyer des renforts en Tunisie et pour contraindre le gouvernement français à appeler cent mille hommes de plus sous les drapeaux, ce qui pourrait provoquer une crise politique en France.» Enfin, nous espérons, en étendant la guerre, aider M. Mendès-France et ses amis qui sont en faveur de négociations immédiates et d’un « cessez le feu ».

« L’assistance de l’Egypte n’est que morale », dit encore M. Salah Ben Yous¬sef, en ajoutant que « le comité politique de la Ligue arabe avait décidé d’aider le mouvement de libération en Afrique du Nord par tous les moyens à sa disposition, l’argent y compris.»

Lorsque vous avez de l’argent vous pouvez obtenir des armes partout ; mais les trois quarts de nos armes proviennent des Français eux-mêmes ».

Comme le représentant du Sunday Times lui demandait : « Vous voulez dire que les Français vendent leurs armes ? », M. Salah Ben Youssef répondit brièvement « Oui ! », et poursuivit :

« Au début nous pouvions acheter un fusil avec cent cinquante cartouches pour 12 livres. Maintenant il en coûte 40. Auparavant nous pouvions avoir une mitraillette pour 16 Hures, maintenant elle coûte 50 et 60 livres. Depuis que Bourguiba est au pouvoir, son bureau politique a beaucoup d’argent à dépenser… »

M. Salah Ben Youssef a ajouté qu’«il était convaincu que l’Algérie remporterait la victoire, ou du moins qu’elle remporterait une victoire morale si la France parvenait à s’entendre avec l’Algérie avant qu’il soit trop tard. Il est temps encore, mais c’est une question de quelques mois seulement ».

Il a conclu : « si la France se rendait seulement compte que l’Algérie est défendue par ses patriotes et non par des rebelles et des bandits, elle se hâterait de trouver une solution sur la base de l’indépendance, comme pour le Maroc. Si toutefois elle persistait dans sa politique de guerre, elle perdrait toute chance de parvenir a un compromis honorable. Elle devra prendre une décision avant l’hiver, car la guerre psychologique aura été perdue d’ici là. »

UNE MISE AU POINT DE  M. MENDÈS-FRANCE

Le nom de M. Mendès-France ayant été cité par M. Ben Youssef, l’ancien président du conseil a déclaré à un rédacteur de l’agence France Presse :

« Dans son interview au Sunday Times le chef de la rébellion contre le gouvernement tunisien associe son action en Tunisie à ses desseins en Algérie et prétend peser sur la politique de la France.

« En Tunisie, ses provocations à la violence et à la révolte ont de longue date montré en Salah Ben Youssef un ennemi fanatique non seulement de la France mais de la démocratie tunisienne.»

«  Pour ce qui est de l’Algérie, il ne saurait y avoir qu’hostilité, irréductible-entre Salah Ben Youssef et tous le partisans d’une politique qui conduise à l’apaisement des esprits, A la conciliation et à la coexistence de la communauté française d’origine européenne et de la communauté musulmane. »

 

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